Points saillants
- La technologie de la biométhanisation est une industrie en plein essor au Canada.
- Les producteurs laitiers sont particulièrement bien placés pour tirer parti de l’énergie renouvelable, grâce à un accès facile au fumier et aux cultures qui peuvent être transformés en biocarburants.
- Parmi les autres avantages, citons la création d’engrais riches en éléments nutritifs qui possèdent une meilleure biodisponibilité que les engrais traditionnels et qui sont entièrement faits sur place.
La technologie de la biométhanisation est une industrie en plein essor au Canada. Alors que les producteurs laitiers se sont engagés à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, l’adoption de biodigesteurs par les fermes constitue une occasion de faire quelque chose de bien pour l’environnement, tout en générant des revenus supplémentaires. La ferme Stanton Farms, présentée sur la photo ci-dessus, est une pionnière dans ce domaine. Depuis octobre 2022, cette ferme laitière de l'Ontario est devenue le premier fournisseur de gaz naturel renouvelable (GNR) d'origine agricole de la province, contribuant ainsi à la décarbonisation de l'approvisionnement en gaz naturel du Canada. En transformant les déchets organiques de la communauté et de la ferme en biogaz, Stanton Farms fournira plus de trois millions de mètres cubes de GNR par an au réseau de gaz naturel de l'Ontario, soit suffisamment d'énergie renouvelable pour répondre aux besoins de chauffage de plus de 1 300 foyers. Stanton Farms approvisionne sa communauté locale en électricité renouvelable depuis une décennie, après avoir mis en place le premier système de digestion anaérobie à la ferme au Canada. La ferme vend également son biogaz au fournisseur d'énergie Fortis de la Colombie-Britannique.
« Partout au pays, les producteurs laitiers, comme les Stanton, réduisent l'empreinte environnementale de leur troupeau, de leurs bâtiments, de leurs équipements et de leurs champs », a rapporté Francis Drouin, secrétaire parlementaire de la ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. « C'est la voie de l'avenir pour l'industrie laitière canadienne ainsi que pour l'ensemble de notre secteur agricole et alimentaire. »
Grâce à sa nouvelle installation de GNR, Stanton Farms permet d’éviter d’envoyer 60 000 tonnes de déchets organiques provenant de la communauté par an dans les sites d'enfouissement, réduisant ainsi les rejets de méthane dans l'atmosphère, une source importante d'émissions de GES. L'installation permettra d’éliminer plus de 11 000 tonnes de GES par an, ce qui équivaut à retirer plus de 2 200 véhicules de la circulation.
Ailleurs en Ontario, Clovermead Farms a pu réaliser son projet de biodigesteur grâce à des subventions offertes en vertu de la Loi sur l’énergie verte du gouvernement de l’Ontario. Korb Whale, producteur et propriétaire de Clovermead Farms, a investi plus de 2 millions de dollars en immobilisations pour son digesteur anaérobie en 2009 avant d’obtenir un contrat lui permettant de revendre l’électricité au réseau électrique. « J’ai toujours aimé l’idée de pouvoir produire de l’énergie avec des déchets à la ferme, indique M. Whale. Nous réduisons nos émissions de gaz à effet de serre de presque 95 pour cent. »
En plus de fumier provenant de la ferme, le digesteur de Clovermead absorbe environ 8 000 tonnes par année de déchets alimentaires provenant de producteurs et de transformateurs locaux. En prenant en charge ces déchets alimentaires, la ferme de M. Whale génère des revenus supplémentaires, tout en réduisant son empreinte carbone.
« L’un des aspects intéressants de la digestion anaérobie en général, c’est la nature circulaire de ce type d’économie, ajoute M. Whale. Nous produisons des aliments que nous envoyons dans les villes pour que les transformateurs préparent des aliments pour les gens. Ensuite, les déchets de ces aliments reviennent vers nos digesteurs pour créer l’électricité, du chauffage, de l’engrais et de la litière pour les vaches. La boucle est ainsi bouclée. »
À Warwick, au Québec, un projet de biogaz novateur a été lancé sur la base d’un partage des coûts – et des recettes – entre 12 producteurs agricoles locaux et un transformateur de fromages. Coop Agri-Énergie Warwick vend maintenant du biogaz au réseau de gaz naturel d’Énergir – le principal distributeur de gaz au Québec.
Josée Chicoine, directrice du développement agroalimentaire à la Coop Carbone, un organisme à but non lucratif dont la mission est de lutter contre les changements climatiques par la collaboration, est codirectrice générale de la Coop Agri-Énergie Warwick. Elle affirme que les partisans du projet observaient que beaucoup de producteurs étaient intéressés par la biométhanisation, mais qu’ils n’étaient pas en mesure de la mettre en œuvre dans leur ferme. Non seulement le projet de Warwick permet à plusieurs petits producteurs de partager les coûts, mais il génère également une toute nouvelle source de revenus provenant de la production d’énergie.
Les défis complexes – comme les changements climatiques – nécessitent des solutions novatrices, et nous saluons toutes les personnes qui mettent en œuvre des projets de biométhanisation dans leur communauté!